La véritable poésie
L’ancienne époque, c’est la prose, la nouvelle époque, c’est la poésie, la vie
« Pour beaucoup de gens, même très cultivés, la poésie n’est qu’une succession de notions floues, bizarres et sans lien entre elles, d’images sans correspondance avec le langage symbolique de la nature. La véritable poésie, c’est le Verbe, le Verbe divin, avec tous ses éléments merveilleusement liés entre eux par des correspondances secrètes. La vraie poésie éveille en l’homme le sentiment d’avoir déjà vécu en haut une vie divine, elle fait vibrer en lui les cordes les plus spirituelles.
Trop souvent, le premier souci des poètes est de déverser dans leurs œuvres leurs sentiments les plus négatifs, leur tristesse, leur déception, leur désespoir… Mais pourquoi un poète doit‑il nourrir le public avec ses chagrins et ses révoltes ?
Moi, j’aime la poésie, et je la place même au‑dessus de la musique, de la peinture, de la sculpture, etc. La poésie, c’est le verbe, et le verbe est à la fois musique, couleur, forme, parfum. Bien sûr, la musique est très puissante, elle produit un effet immédiat sur les auditeurs, mais son langage n’est pas aussi clair et éducatif que celui de la poésie. La clarté du verbe vient de la présence des mots : à travers les mots, non seulement on voit des formes, des couleurs, des dimensions, mais on entend une mélodie, un rythme, une intonation. Et surtout on perçoit un sens.
La musique éveille un sentiment, elle stimule la volonté, mais elle ne donne pas d’orientation claire. Vous pouvez écouter de la musique toute votre vie et rester aussi indéterminé qu’avant. Tandis qu’en écoutant de la poésie, vous pensez, vous sentez, et vous trouvez une orientation ; grâce aux paroles le sens est précis, déterminé. Et puis il y a aussi une musique, des couleurs, des formes, une architecture… Tous les arts sont contenus dans la poésie.
Pour certains d’entre vous, c’est la musique qui surpasse tous les arts. C’est juste si on considère l’intensité avec laquelle elle agit : on est saisi, pris, captivé. Avec la poésie on écoute, on comprend et, bien sûr, en même temps on est captivé, mais elle fait appel davantage à la pensée, tandis que la musique fait avant tout appel à la sensibilité. En réalité, la vraie poésie ne se limite pas à la littérature, la vraie poésie est liée à la vie. Quand j’observe les humains, même les plus cultivés, les plus lettrés, je vois souvent qu’ils restent entièrement plongés dans la prose : ils sont froids, figés, on ne sent aucune chaleur, aucune poésie en eux, leur visage est terne. Comment se fait‑il que l’humanité retourne de plus en plus vers la prose ?
C’est pourquoi maintenant, l’art nouveau, c’est d’apprendre à vivre jour et nuit dans la poésie, être chaleureux, expressif, vivant !…
Les tempéraments sentimentaux sont proches de la poésie, tandis que les tempéraments intellectuels sont davantage du côté de la prose. Oui, car pour que l’intellect puisse travailler et se manifester, il doit immobiliser le sujet qu’il veut étudier. C’est pourquoi la science a négligé l’étude de ce qui est vivant pour se concentrer sur ce qui est mort. Car ce qui est vivant bouge, varie, on ne peut pas le saisir. La vraie poésie, c’est ce qui bouge, ce qui vibre, ce qui vit.
Regardez l’enfant : il bouge sans arrêt, il est donc toujours dans la poésie. Dans la nouvelle culture qui vient, le poète sera seulement celui qui crée la poésie dans sa propre vie en voulant y introduire la pureté, la lumière, la perfection.
L’ancienne époque, c’est la prose, mais la nouvelle époque, c’est la poésie, c’est‑à‑dire la vie, la vraie vie. »
« Pour beaucoup de gens, même très cultivés, la poésie n’est qu’une succession de notions floues, bizarres et sans lien entre elles, d’images sans correspondance avec le langage symbolique de la nature. La véritable poésie, c’est le Verbe, le Verbe divin, avec tous ses éléments merveilleusement liés entre eux par des correspondances secrètes. La vraie poésie éveille en l’homme le sentiment d’avoir déjà vécu en haut une vie divine, elle fait vibrer en lui les cordes les plus spirituelles.
Trop souvent, le premier souci des poètes est de déverser dans leurs œuvres leurs sentiments les plus négatifs, leur tristesse, leur déception, leur désespoir… Mais pourquoi un poète doit‑il nourrir le public avec ses chagrins et ses révoltes ?
Moi, j’aime la poésie, et je la place même au‑dessus de la musique, de la peinture, de la sculpture, etc. La poésie, c’est le verbe, et le verbe est à la fois musique, couleur, forme, parfum. Bien sûr, la musique est très puissante, elle produit un effet immédiat sur les auditeurs, mais son langage n’est pas aussi clair et éducatif que celui de la poésie. La clarté du verbe vient de la présence des mots : à travers les mots, non seulement on voit des formes, des couleurs, des dimensions, mais on entend une mélodie, un rythme, une intonation. Et surtout on perçoit un sens.
La musique éveille un sentiment, elle stimule la volonté, mais elle ne donne pas d’orientation claire. Vous pouvez écouter de la musique toute votre vie et rester aussi indéterminé qu’avant. Tandis qu’en écoutant de la poésie, vous pensez, vous sentez, et vous trouvez une orientation ; grâce aux paroles le sens est précis, déterminé. Et puis il y a aussi une musique, des couleurs, des formes, une architecture… Tous les arts sont contenus dans la poésie.
Pour certains d’entre vous, c’est la musique qui surpasse tous les arts. C’est juste si on considère l’intensité avec laquelle elle agit : on est saisi, pris, captivé. Avec la poésie on écoute, on comprend et, bien sûr, en même temps on est captivé, mais elle fait appel davantage à la pensée, tandis que la musique fait avant tout appel à la sensibilité. En réalité, la vraie poésie ne se limite pas à la littérature, la vraie poésie est liée à la vie. Quand j’observe les humains, même les plus cultivés, les plus lettrés, je vois souvent qu’ils restent entièrement plongés dans la prose : ils sont froids, figés, on ne sent aucune chaleur, aucune poésie en eux, leur visage est terne. Comment se fait‑il que l’humanité retourne de plus en plus vers la prose ?
C’est pourquoi maintenant, l’art nouveau, c’est d’apprendre à vivre jour et nuit dans la poésie, être chaleureux, expressif, vivant !…
Les tempéraments sentimentaux sont proches de la poésie, tandis que les tempéraments intellectuels sont davantage du côté de la prose. Oui, car pour que l’intellect puisse travailler et se manifester, il doit immobiliser le sujet qu’il veut étudier. C’est pourquoi la science a négligé l’étude de ce qui est vivant pour se concentrer sur ce qui est mort. Car ce qui est vivant bouge, varie, on ne peut pas le saisir. La vraie poésie, c’est ce qui bouge, ce qui vibre, ce qui vit.
Regardez l’enfant : il bouge sans arrêt, il est donc toujours dans la poésie. Dans la nouvelle culture qui vient, le poète sera seulement celui qui crée la poésie dans sa propre vie en voulant y introduire la pureté, la lumière, la perfection.
L’ancienne époque, c’est la prose, mais la nouvelle époque, c’est la poésie, c’est‑à‑dire la vie, la vraie vie. »
Texte extrait de l'ouvrage "La pédagogie initiatique (3) ", Chap. IV "Le savoir vivant"", part. 4 "Vivez dans la poésie !"